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2024 : Assistants familiaux, mêmes soucis

Bien que bénéficiant d’un statut plus sécurisant, les Assistants familiaux (accueillant des jeunes confiés par l’aide sociale à l’enfance) sont confrontés à des problèmes similaires à ceux des accueillants familiaux accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
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Auteure : Aurélie VION, 11 janvier 2024
Source : lemediasocial.fr

Extraits :

Assistant familial : un métier toujours en panne d’attractivité

40 % des jeunes confiés à l’aide sociale à l’enfance vivent en famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! . Ils étaient 54 % fin 2010. Une baisse inexorable qui traduit les difficultés rencontrées par cette profession. Départs à la retraite massifs, problèmes de recrutement… La loi Taquet de février 2022 n’est pas parvenue à enrayer cette panne d’attractivité.

La loi Taquet du 7 février 2022 a-t-elle rendu le métier d’assistant familial plus attractif ? Pour Sonia Mazel-Bourdois, présidente de la Fédération nationale des assistants familiaux et protection de l’enfance (Fnaf/PE), la réponse est clairement négative.

« La loi Taquet n’a pas eu les effets escomptés. Mis à part la rémunération au Smic dès le premier accueil, une grande partie des départements tarde à mettre en place les décrets d’application. Des avenants n’ont toujours pas été signés. Les assistants familiaux s’inquiètent. »

(...) Sonia Mazel-Bourdois cite l’exemple de l’indemnité de 80 % en cas d’accueil non réalisé prévue par la loi Taquet.
« Dans les faits, de nombreux employeurs ne versent pas les 80 % si la fin de l’accueil d’un enfant est à l’initiative de l’assistant familial, et ce, même pour des raisons légitimes. Même chose si l’assistant familial refuse un accueil. On est en train de créer une inconditionnalité de l’accueil. Or, notre travail c’est 24 heures sur 24, une charge mentale énorme… On perd le sens de notre métier ! »

« Pire qu’avant ! »

Pour Bruno Roy, secrétaire général de la Confédération associative syndicale des assistants maternels, assistants et accueillants familiaux accueillant familial
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Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
(Casamaaf), la loi Taquet a même empiré certaines choses :
« Auparavant, les assistants familiaux, lorsqu’ils attendaient d’accueillir un nouvel enfant, pouvaient toucher 800 € pendant quatre mois et ensuite s’inscrire à Pôle emploi. Tout cela a été supprimé, la situation est donc pire qu’avant ! Si l’employeur ne leur confie pas d’enfant, ils peuvent se retrouver sans aucune rémunération. »

(...) l’article 29 de la loi Taquet stipule que « le contrat de travail passé entre l’assistant familial et son employeur peut prévoir que l’assistant familial bénéficie d’au moins un samedi et un dimanche de repos consécutifs par mois, qui ne s’imputent pas sur la durée de congés payés congés payés Les accueillants familiaux "de gré à gré" sont employés par des particuliers (les personnes accueillies). Pendant leurs congés, ils n’ont donc pas droit au maintien de leur salaire. En compensation, toute heure travaillée (y compris les heures de sujétions particulières) doit être majorée d’une prime pour congé payé de 10%. qui lui est accordée ». « Peut » et non doit. Sur le terrain, ce temps de répit est rarement effectif.

Vague de démissions

Manque de familles relais, collègues déjà surchargés, saturation globale des services de la protection de l’enfance… Autant de raisons qui rendent ce droit au répit difficilement applicable. Alors qu’il contribuerait à prévenir l’épuisement professionnel, et peut-être limiter la « casse » et les nombreuses démissions.

« C’est la première année où je reçois autant de témoignages de collègues qui arrêtent le métier après cinq, dix, voire vingt ans. Elles n’en peuvent plus », affirme la présidente de la Fnaf/PE Sonia Mazel-Bourdois.

Présomption de culpabilité

Autre source de fragilisation de la profession : « la présomption de culpabilité » qui pèse sur leurs épaules, comme le souligne Bruno Roy.

« Quand une information préoccupante concerne un assistant familial, le ou les enfant(s) lui sont retirés, puis c’est le licenciement au bout de quatre mois. Il s’agit d’actes de maltraitances supposés qui, dans 90 % des cas, se termineront par des non-lieux, explique le secrétaire général de la Casamaaf. Au bout du compte, ce sont des assistants familiaux qui ne retravailleront pas, sans compter les dégâts psychologiques que cela peut laisser, tant pour les enfants que pour les professionnels… »

(...) Il cite le témoignage d’une assistante familiale qui s’est vu retirer « par principe de précaution », suite à un appel anonyme au 119, les deux fillettes qu’elle accueillait. « J’ai perdu un agrément sur les deux. Quel sens donner à cela ? Une demi-punition ? », écrit cette assistante familiale au secrétaire général de la Casamaaf.

Les faits remontent à dix ans, mais ils ont marqué à jamais cette femme : « Notre famille a été ravagée. » « En tant que professionnels, nous souffrons de la précarité de notre situation, un voisin, une connaissance peut nous faire perdre notre travail. » « Aimer ce métier, c’est le faire avec la crainte », résume-t-elle.

Note de Famidac : à consulter, sur notre forum, de nombreux témoignages similaires - sujet Présumés coupables, évacuation des personnes accueillies...

La fin d’une profession ?

De lourdes responsabilités, un travail atypique exercé à la maison avec un risque d’isolement, des enfants confiés aux profils de plus en plus « abîmés », un secteur, celui de la protection de l’enfance, qui traverse une crise majeure… Le métier peine à susciter des vocations et retenir les professionnels en exercice.

« Si rien n’est fait, dans dix ans il n’y aura plus d’assistants familiaux, s’indigne Thierry Herrant, chargé de mission à l’Union fédérative nationale des associations de familles d’accueil et assistants maternels (Ufnafaam). Soit les pouvoirs publics l’assument et privilégient d’autres solutions, soit ils considèrent que la famille d’accueil est bénéfique, et alors il faut mettre le paquet ! »

Le chargé de mission de l’Ufnafaam n’oublie pas de préciser que le coût de l’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). (29.700 € par an et par bénéficiaire en 2021) est moins onéreux que celui des autres modes d’accueil (40.500 € d’après les derniers chiffres de la Drees).

(...) Lire ici l’intégralité de cet article

À lire également :

P.-S.

Le statut des Assistants familiaux (accueillant des mineurs), en principe bien plus sécurisant que celui des accueillants familiaux, ne leur évite pas de rencontrer des soucis similaires aux nôtres...
Et si « 75 % des assistants familiaux exerçant en 2021 sont âgés de 50 ans ou plus, contre 32 % de l’ensemble des personnes en emploi en 2022. » (source : Drees),
près de 80 % des accueillants familiaux exerçant en 2021 étaient âgés de 50 ans ou plus (source : IFREP),

Répartition des accueillants familiaux par tranche d’âge
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