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Famidac, l'association des accueillants familiaux
et de leurs partenaires

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Grève de la faim ou démarches raisonnables ?

Janvier 2022 : suite à la publication du livre-enquête "Les Fossoyeurs", de nombreux témoignages ternissent chaque jour un peu plus l’image des Ehpad... et renforcent l’intérêt des médias pour l’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). .
Saisissons cette occasion pour mettre en valeur notre profession et pour rappeler nos revendications. Comment ?

Une accueillante familiale s’est spécialisée dans la médiatisation de grèves de la faim à répétition - en février puis en juin 2022 et en 2024.
Sans autres résultats, pour l’instant, que quelques promesses ministérielles restées jusqu’ici sans suites...

:-O 2022 : Un coup d’éclat suicidaire

Le 5 février 2020 Thérèse Bauwens, accueillante familiale à Lourches (Nord) pour l’accueil de 3 personnes âgées ou handicapées, s’installe dans son garage et démarre une grève de la faim pour dénoncer la faible rémunération de cette profession.
"Je demande l’augmentation de nos salaires, on travaille 24 heures sur 24, 365 jours par an, et je suis payée entre 2,5 et 3 heures de Smic par jour par personne accueillie",
Elle revendique pour tous les accueillants familiaux accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
une rémunération journalière de 6 heures par personne accueillie
ainsi que l’augmentation de l’indemnité de frais d’entretien versée aux accueillants pour la prise en charge de leurs hôtes.

Les médias en parlent : France3-regions, lobservateur.fr, leprogres.fr, europe1.fr, cnews.fr, lejsl.com... Nous pouvons même l’écouter sur francebleu.fr : "Ce sera la honte à nos gouvernements parce qu’ils auront ma mort sur leur conscience".

Une semaine avant le début de sa grève de la faim, Thérèse Bauwens (qui fut adhérente de Famidac d’octobre 2017 à octobre 2018) demandait à notre association de soutenir son projet. Soutien que nos administrateurs lui ont refusé, pour plusieurs raisons - de forme et de fond :
- la grève de la faim est une forme de chantage qui ne peut se justifier que dans les circonstances les plus dramatiques et désespérées
- demander pour tous les accueillants familiaux une rémunération de 6 SMIC horaire par jour et par personne accueillie nous semble totalement déraisonnable :

  • notre rémunération journalière, actuellement fixée à un minimum de 2,5 SMIC horaire par jour, n’est pas plafonnée. Elle peut donc être bien plus élevé et négocié avec chaque personne accueillie, mais ceci dans les limites de ses ressources (personnelles + aides)
  • tous nos accueillis ne souffrent pas des mêmes pathologies ; en fonction de leur niveau de dépendance, des indemnités de sujétions particulières permettent déjà de majorer cette rémunération "de base" (dans la limite, certes illogique, de 1,46 SMIC horaire)

Famidac demande, tout comme Thérèse Bauwens, une augmentation (par décret) des montants minimum et maximum de l’indemnité de frais d’entretien, avec une fourchette plus réaliste de
- 2 à 4 MG/jour pour un accueil à temps partiel
- 4 à 7 MG/jour pour un accueil à temps complet.

Mais exiger de faire passer le minimum de rémunération journalière de 2,5 à 6 SMIC horaire/jour (y compris pour des accueils à temps partiel ?) nous semble excessif.

Pour être entendues, nos revendications doivent être logiques, réalistes et formulées avec un minimum de courtoisie... C’est ainsi que notre association a obtenu, depuis 1997, de nombreuses améliorations profitables aux accueillants comme aux personnes accueillies (voir ici).
Il nous reste encore, entre autres, des demandes en attente de réponse :

Demandes de Famidac
depuis juin 2009 !

:-) Plus efficaces, des témoignages positifs

Notre Revue de presse de l’accueil familial recense des centaines d’articles et de reportages (en audio ou en vidéo) donnant une image positive des accueillants familiaux, en précisant les avantages - et les inconvénients - de notre profession.

Un exemple récent : au JT de 20h, le 8 février 2022, France 2 diffusait ce reportage tourné chez Sophie Balmassiere (adhérente de Famidac de 2013 à 2017) à revoir ici :

Une famille pour maison de retraite

"On est mieux que dans des Ehpad" : des familles d’accueil ouvrent leurs portes à des personnes âgées

Une famille pour maison de retraite

Chaque jour de nouveaux témoignages viennent ternir un peu plus l’image des Ehpad. Il existe des alternatives pour les personnes dépendantes, des familles proposent de les accueillir en pension. Reportage dans le Gard, où une aide-soignante s’est reconvertie en famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! .

Dans la famille Balmassière à Aigaliers (Gard), vivent trois grands-mères d’adoption. Éliane, 91 ans, Jacqueline, 88 ans, et Renée, 92 ans. Elles n’ont aucun lien de parenté avec leur famille d’accueil, mais c’est tout comme. Ici elles sont chouchoutées 7 jours sur 7, et entre de bonnes mains. Sophie Balmassière est aide-soignante, elle a travaillé vingt ans auprès de personnes âgées à l’hôpital, avant de décider, il y a douze ans, de les accueillir chez elle, en famille.

Pas d’emploi du temps imposé

Pour garder la bonne humeur à la maison, c’est une infirmière qui s’occupe des soins et des toilettes deux fois par jour. Et en famille d’accueil, il n’y a pas d’emploi du temps imposé. Travailler à domicile lui prend deux fois plus de temps que quand elle exerçait à l’hôpital, environ 15 heures par jour. Ménage, prise des rendez-vous médicaux, préparation des repas... Une présence de tous les instants qui lui a parfois coûté ses vacances. La relève est peut-être assurée par la fille unique de la famille. Depuis l’âge de cinq ans, Pauline a déjà vécu avec une vingtaine de grands-mères sous son toit.

Sophie évoque donc également des problèmes restant à résoudre... qui ne sont pas uniquement d’ordre financier.

:-) Un exemple à suivre et à mettre "sous le nez" de nos décideurs !

Épilogue (provisoire)

Par courrier du 28 février 2022, Mme Bourguignon, Ministre déléguée auprès du Ministre des Solidarités et de la Santé, chargée de l’Autonomie, s’est engagée à ce qu’une loi sur l’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). soit examinée dans les meilleurs délais à l’issue des échéances électorales actuelles.

Le gouvernement n’a pourtant aucunement besoin d’une nouvelle loi pour revaloriser la rémunération des accueillants familiaux : il lui suffit d’appliquer enfin ce que prévoyait la loi de 2015 en publiant 2 simples décrets modifiant les articles D442-2 et D442-3 du CASF...

Mme Bauwens a interrompu sa grève de la faim le 14 mars 2022.

Rechutes

22 juin 2022 : Thérèse Bauwens reprend sa grève de la faim car Brigitte Bourguignon, alors ministre déléguée chargée de l’Autonomie (nommée le 20 mai dernier ministre de la Santé et de la Prévention) « m’avait dit qu’il y aurait du concret avant le début de l’été. Mais depuis le 25 avril, c’est silence radio… » ; « moi, je respecte mon engagement. Comme je n’ai pas eu de retour, je relance ma grève le 22 » - lire cet article de france3-regions
La suspension et les résultats (?) de cette seconde grève n’ont pas été médiatisés...

Avril 2024 : Thérèse Bauwens menace de repartir pour une troisième grève de la faim.
"À chaque fois on nous promettait des améliorations. Et puis on changeait de ministre et tout était à refaire", se lamente-t-elle. Elle s’est donné 45 jours pour obtenir une réponse du Parlement et du ministère des Solidarités sur l’amélioration des conditions de travail et de salaire des accueillants familiaux. Faute de retours, elle cessera de s’alimenter dès la fin mai 2024.
Ses attentes sont devenues plus réalistes :
- Publication du formulaire national de demande d’agrément (démarche soutenue, suite à ses échanges avec Famidac, par M. Jean-Michel ARNAUD, Sénateur des Hautes-Alpes)
- Refonte du contrat d’accueil (nécessaire, voir ici)
- Revalorisation des seuils des contreparties financières des accueillants (voir notre rubrique Revendications).


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