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Témoignage : Françoise, infirmière et accueillante familiale

Auteur : Isabelle Palacin, seniorplus.fr, septembre 2007.

Françoise, famille d’accueil pour personnes âgées

En Charente, Françoise Blank [1] exerce depuis onze ans un métier pas tout à fait comme les autres.

Rompre la solitude +++ Infirmière diplômée, Françoise a cessé son activité pour élever ses cinq enfants, mais lorsque la petite dernière a fêté son septième anniversaire et que son mari a dû vendre son commerce, elle a décidé de retravailler.

“Devenir famille d’accueil m’a paru un bon compromis. Cela me plaisait de retrouver une activité dans ce milieu de l’aide à la personne, et j’étais tout de même à la maison pour m’occuper de mes enfants”, raconte cette femme dynamique de 57 ans. Au début, elle décide de prendre en charge de jeunes adultes handicapés, avec lesquels ses enfants pouvaient échanger facilement. “Mais, depuis que les aînés sont partis, je me suis plutôt orientée vers l’accueil des personnes âgées.”

Françoise s’occupe donc désormais de deux dames : Renée, 79 ans, valide mais atteinte de la maladie d’Alzheimer, et Jeanne, 86 ans, grabataire, souffrant d’une démence à corps de Lewy. “Nous avons un bon contact. Elles sont très gentilles. Ce qui n’est pas toujours le cas avec les têtes grises. En effet, elles estiment que, parce qu’elles payent, elles ont tous les droits, les rapports humains sont faussés, il n’y a plus qu’un rapport d’employeur à employé corvéable à merci. Or, nous vivons vingt-quatre heures sur vingt-quatre ensemble, nous partageons tout, s’il n’existe pas un minimum de respect et d’affection mutuels, c’est difficile”, souligne Françoise.

DES JOURNÉES DE QUATORZE HEURES

La maison est organisée en deux étages : au rez-de-chaussée, les chambres et les sanitaires des pensionnaires, une grande pièce pour l’accueil des familles, et la cuisine. Au premier, les chambres de la famille Blank et un salon où les enfants et petits-enfants peuvent regarder la télévision et jouer aux jeux vidéo.

La journée de Françoise débute à 7 heures. Renée, hyperactive, se lève de bonne heure. “Je lui prépare son petit déjeuner, ensuite elle repart au lit pour deux ou trois heures. Je ne lui fais sa toilette qu’après cette grasse matinée, ce qui serait impensable en maison de retraite.”

Seule avec ses deux pensionnaires, Françoise passe la matinée à faire les toilettes, le ménage, les repas. L’après-midi, le moment de la sieste est consacré au lavage, repassage, puis au goûter, dîner, coucher. À 21 heures, Françoise a terminé son travail. “Ce sont de grosses journées. Et sans beaucoup de vacances. Certes, depuis le 1er janvier 2005, nous avons droit aux congés payés, mais il y a très peu de possibilités de remplacement. En outre, notre salaire est versé à notre remplaçant. Mais il ne faut pas se plaindre : depuis 1990, il y a eu d’énormes progrès. Auparavant, il s’agissait de contrats de gré à gré entre des particuliers et le bénévolat était la règle.

Aujourd’hui, la profession est vraiment reconnue, nous sommes rémunérés, bénéficions de formations et d’un agrément du conseil général.” Outre cet aspect réglementaire, Françoise liste bien d’autres satisfactions.

ASSURER LA SÉCURITÉ AFFECTIVE

“C’est très gratifiant, on se sent utile. Par rapport à une maison de retraite, je suis beaucoup plus disponible. Avec Renée, par exemple, qui est encore valide, nous faisons beaucoup de choses : elle vient avec moi donner à manger aux poules, nous nous promenons. Il est très important d’être à son écoute, de lui apporter des repères stables et une affection sincère.

Les malades d’Alzheimer, en effet, souffrent de ne plus savoir décoder le monde qui les entoure, c’est pourquoi ils peuvent parfois être agressifs. Notre rôle est de leur apporter une réelle sécurité, autant sur le plan matériel qu’affectif, car même s’ils ne comprennent plus forcément les mots, ils ressentent de façon très aiguë les climats émotionnels ; il faut donc être attentif, ne jamais se mettre en colère. En même temps, ce sont des personnes extrêmement spontanées avec qui les rapports sont authentiques, sans calcul, comme avec les enfants.”

D’ailleurs, le courant passe bien entre Renée et les petits-enfants de Françoise, et chacun s’enrichit au contact de l’autre.

Combien ça coûte ?

De 1 200 à 2 000 € par mois, en moyenne. Cette somme couvre : le salaire de l’accueillant, les frais de loyer de la personne accueillie, les frais d’entretien, et, éventuellement, en cas de lourde dépendance, une indemnité supplémentaire de prise en charge. Un contrat d’accueil est signé entre la personne accueillie – ou ses représentants – et la famille accueillante.

Bon à savoir : la personne âgée hébergée en famille d’accueil continue à recevoir directement l’Apa (allocation personnalisée d’autonomie).